Nous avons fait une découverte sur le début de la vie!: les embryons ont la capacité de s’autoréparer dès le deuxième jour de vie. Nous avons présenté cette découverte lors des plus importants congrès sur la procréation médicalement assistée, car elle change complètement la façon dont les embryons sont évalués dans les traitements de fécondation in vitro.
Pour vous expliquer cela, je dois d’abord vous dire ce qui suit:
Dans les traitements de fécondation in vitro (FIV), les embryons sont classés selon des directives basées sur leur apparence et leur développement. De cette manière, les embryons considérés comme ayant les meilleures chances de s’implanter, de continuer à se développer et de devenir un bébé en bonne santé sont transférés à la patiente.
Aujourd’hui, on considère qu’il est optimal pour un embryon d’avoir quatre cellules le deuxième jour de vie et huit le troisième. Il y a des embryons qui, soudainement, au deuxième ou troisième jour, voient une de leurs cellules disparaître, passant, par exemple, de quatre à trois cellules, et qui continuent ensuite à se diviser comme si de rien n’était.
Jusqu’à présent, ce phénomène, connu sous le nom de division inverse, était considéré comme un signe de mauvais pronostic et, par conséquent, l’évaluation de l’embryon était considérablement réduite.
Avec les normes actuellement établies, on considère que les embryons qui ne suivent pas les directives marquées ont moins de chances de se développer. En ce sens, l’Institut Marquès réévalue ces directives et démontre que de nombreux critères standard sont erronés: des embryons qui ne suivent pas une évolution « normale » pourraient avoir les mêmes taux de réussite que des embryons à division parfaite.
Cette découverte a été rendue possible grâce à l’Embryoscope, des incubateurs d’embryons intégrant une caméra vidéo qui filme leur développement. Dans notre laboratoire, nous avons été en mesure de capturer des images d’embryons en division inverse lorsqu’ils réabsorbent leurs propres cellules. Également des embryons multinucléés qui expulsent des cellules anormales à leur quatrième ou cinquième jour de vie.
Eh bien, nous avons réalisé une étude vidéo rétrospective du développement de 23340 embryons, de la fécondation au stade de blastocyste. Dans 303 des embryons analysés, nous avons observé la présence de l’absorption complète d’une de leurs cellules. Et qu’est-il arrivé à ces 303 embryons?
Notre étude a montré que les embryons qui ont réabsorbé des cellules et qui continuent ensuite à se diviser jusqu’au blastocyste (le premier stade du développement embryonnaire, qui apparaît entre le 5ème et le 6ème jour après la fécondation) ont le même taux d’implantation, de développement de la grossesse et de naissance en bonne santé.
Ces embryons présentaient une diminution de la proportion atteignant le stade de blastocyste, mais le nombre d’embryons nés était maintenu, un fait qui suggère que la détection précoce des erreurs par les cellules pourrait être impliquée dans cette absorption. Les embryons capables de surmonter cette réparation ont le même potentiel reproductif. Comme l’a expliqué le Dr Borja Marquès lors du dernier congrès de la Société Espagnole de Gynécologie et d’Obstétrique (SEGO), cette découverte donne des chances de vie à des embryons qui, jusqu’à présent, auraient pu être jetés. Nous offrons ainsi de nouvelles options à nos patients. Cette étude a reçu le prix du congrès dans sa catégorie.
Conférence du Dr. Borja Marquès au Congrès SEGO 2021
(*N’oubliez pas que vous pouvez regarder la vidéo sous-titrée en anglais/français/italien grâce aux outils de You Tube).
Nous poursuivons actuellement nos recherches sur l’autoréparation des embryons. Il est passionnant de découvrir que l’être humain, au deuxième ou troisième jour de sa vie, est déjà capable de détecter qu’une de ses cellules a été altérée et qu’il a le potentiel pour l’éliminer et continuer à se développer sainement. Comme le dit le Dr Marquès dans sa conférence, cela nous apprend que la vie ne consiste pas à naître parfait, mais à savoir comment corriger ses défauts. Non seulement ceux qui semblent déjà parfaits peuvent vivre, mais aussi ceux qui ont lutté pour être parfaits.
Tout comme il n’y a pas deux personnes physiquement identiques, à l’exception des vrais jumeaux, il n’y a pas deux embryons identiques. Le nombre de combinaisons génétiques possibles est infini. Par conséquent, dès le moment de la fécondation, nous possédons tous nos propres caractéristiques, qui nous rendent uniques dès cet instant.
Cela se produit dans tous les embryons, et pas seulement dans les embryons fécondés in vitro. Chaque embryon fonctionne comme une équipe de cellules contrôlée par un leader, dans le but de vivre. Si certaines cellules commencent à se diviser anormalement et qu’ils ne sont pas en mesure de les contrôler, les mauvaises cellules l’emportent et l’embryon ne pourra pas se développer. Il est beau de voir comment, dès le début de la vie, les êtres humains sont capables d’éliminer leurs faiblesses, de suivre les bons critères et de réussir à avancer dans la vie.